Rex : Je me forme aux Ateliers philo SEVE

16 mai 2025

Au programme :

  • Trois choses avec lesquelles je suis repartie
  • Trois choses que j’ai retenues de ces 6 jours de formation
  • Quel intérêt pour Coézi ?
  • SEVE.

    Rien à voir avec le Service municipal des Espaces Verts et de l’Environnement de Nantes Métropole hein. C’est l’association Savoir être et Vivre ensemble crée par Frederic Lenoir et Martine Roussel-Adam.

    Au départ de cette aventure, c’est une remise en question. Une chose est certaine, après 10 ans de Coézi, le constat est assez mitigé. Intervenir en entreprise sur la posture et le savoir être, c’en est des fois « presque trop tard » si on peut dire. L’être humain a déjà à ce stade vécu du chemin, avec souvent de la souffrance à des degrés divers, et le travail est très long pour retrouver de la sérénité dans les organisations. Alors qu’en venant à la racine plutôt que de guérir, ou de sensibiliser uniquement, il vaut mieux, mieux éduquer. Et donc agir auprès de la jeunesse.

    Et puis, dans les pérégrinations de Claire Marie Allard, elle tombe sur le Parcours SEVE et me dit « Hey copine, dis donc on ferait pas cette formation ensemble ? » « mais oui banco ! »

    Semer la graine de l’esprit critique auprès des plus jeunes, c’est éviter de perdre petit à petit, génération après génération, des capacités de discernement. Surtout à l’heure de l’usage à bloc de l’IA pour un paquet de conneries comme le starter pack par exemple, des fake news qu’on voit défiler à flot, des discours et usages très dérangeants des médias et RS… Et s’en abreuver comme si c’était un jouet anodin, qui pourtant on le sait, peut détruire des vies, reproduit le côté dysfonctionnel de notre société.

    Il est intéressant de donner les clés d’esprit critique à la jeunesse pour questionner, faire des usages constructifs et positifs des RS et médias, douter du système, en général, pour faire réfléchir à des alternatives. A demain. A leur demain à eux.

    Trois choses avec lesquelles je suis repartie

    C’était clairement une semaine de réjouissance dans l’apprentissage dont les bénéfices ont perdurés et résonnés en différents endroits un sacré nombre de jours après.

    1. La joie ! Immense. De me challenger sur des nouvelles connaissances, car les connaissances en philo sont bien loin d’une part, donc bonheur de découvrir de nouvelles choses. Joie de le faire à 2 pour échanger sur nos idées, de rencontrer de nouvelles personnes ( 40 stagiaires à venir se former), d’entendre des pratiques de la part des stagiaires identiques mais mise en œuvre différemment… Joie de m’offrir ce temps, une bulle accordée, même si le rythme était intense, et les levers très tôt, j’ai eu la sensation de partir en colo!
    2. Encore une nouvelle façon de voir le monde. Intéressant de revoir beaucoup de choses, sur la posture notamment et la gestion de groupe. Des sujets que je connais bien, mais avec une autre approche, une autre intention, revisités. Approche académique pour certains, approche pédago et bienveillante de l’enfant pour d’autres. Et donc ça faisait du lien avec mes connaissances en programmation-neurolinguistique, tellement enthousiasmant again !
    3. La remise en perspective, sans cesse, de la façon d’accompagner et d’imaginer l’expérience utilisateur•rice. Car être participante, je vois, je vis comme ceux qui passe un temps fort avec Coézi. Et donc mieux comprendre encore ce qui fait que certaines choses sont comprises, d’autres non, ce qui peut manquer de rythme ou favoriser l’échange… Mon cerveau était en chou-fleur d’idées en permanence. Joie, Joie et Joie !

    Trois choses que j’ai retenues

    Il y en a un paquet, mais je fais une sélection de 3 dans ce Parcours SEVE qui me paraissent essentielles.

    ☐      L’enfant ou l’adolescent est un interlocuteur valable

    C’est le postulat de départ des ateliers philosophiques de SEVE. Donc tout ce qui est dit pendant l’atelier est considéré comme dit avec sincérité. Même si les propos choquent, ne semblent pas cohérents, ne sont pas alignés avec ses valeurs personelles, semblent être tout droit sortis de la bouche de leurs parents… Les membres du groupe peuvent exprimer ce qu’iels veulent dans un atelier philo si on le pense sincèrement. Et si c’est justifié/argumenté ensuite par la personne qui le dit, à l’intention du groupe. Même si ce sont des propos encadrés par la loi.

    Alors tu vas me dire « oui mais si c’est un propos sexiste, raciste, insultant…  Il faut plaquer au sol cette personne ! » Et bien pas tant.

    Justement laisser dire l’enfant ou l’ado son propos, ne pas commenter, ni adhérer ou chercher à le convaincre de l’inverse, est la posture d’animateur•rice à avoir car nous n’avons pas à prendre parti.

    Car notre rôle est bien de tirer le fil de la pensée de la personne, et non pas de dire que c’est bien ou pas bien de penser ça. Le groupe pourra proposer des arguments contraires ou qui démontrent une autre vision des choses. Idem notre rôle sera encore de tirer le fil de leurs opinions ou idées.

    ☐     Même un propos inapproprié est à voir comme un KDO

    C’est l’occasion d’aider un être humain à construire sa pensée, la déconstruire, la questionner, prendre de nouveaux chemins…

    2 exemples parmi tous ceux donnés par 2 formateurs qui m’ont interpellés.

    1. Un ado pose « le prof est un con », il a un peu l’étiquette du caïd du groupe qui parle souvent pour provoquer volontairement les enseignants. Et le groupe se tait, mais on voit sur le visage de la plupart qu’il vient d’insulter la figure d’autorité, et que c’est un motif de sanction.
    2. Un petit garçon dit que les filles de sont pas capables, les garçons le sont eux car ils sont plus forts. Le groupe réagit, surtout les filles, qui crient et s’offusquent de ce qu’il a dit.

    Dans les 2 cas, les 2 formateurs ont écouté et laissé le propos être dit jusqu’au bout, car l’enfant est un interlocuteur valable. Donc il doit justifier ce qu’il pense.

    => Qu’est-ce qu’un con ? Et qu’est ce qui amène une personne à dire d’une autre que c’est un con ?

    => Il n’y a donc aucune situation où les filles sont capables et fortes ? Et si ça dépend des fois comme tu dis, alors est ce que la force est liée au genre ?

    Et au fur et à mesure des questions, le formateur a tiré le fil de leurs pensées, opérant ainsi une aide à la déconstruction.

    Alors, ces 2 garçons ont dans la suite des échanges, finit par dire « ha non je me trompe, ça marche pas ce que je dis ».

    Ce qui m’amène à la 3eme chose que j’ai retenue.

    ☐     Le/la philosophe est celui/celle qui doute en permanence, qui s’est posé des questions, et sait reconnaître qu’iel s’est trompé (Olivier Blond-Rzewuski)

    Philosopher avec eux, c’est les aider à douter, non pas d’eux même mais de ce concept qu’est « la vérité »

    Et évidemment que philosopher c’est aussi aller sur le terrain des dilemmes moraux.

    Le/la philosophe n’affirme pas, iel doute, iel remet en question, sans cesse. Ce qui est philosophique c’est quand il n’y a pas qu’une seule réponse possible. Donc on ne peut pas fondamentalement affirmer, jamais être totalement certain•e des réponses données. On confronte des idées, on les fait cohabiter même si elles sont différentes, et on ne répond jamais vraiment à la question.

    Et surtout selon Olivier Blond-Rzewuski, un de nos formateurs, on peut admettre que l’on s’est trompé, qu’il y a plusieurs façons de voir les choses. Et que c’est acceptable que toutes ces façons de voir co-existent.

    Bon, j’ai menti, j’ai un 4eme point intéressant. ☺️

  • L’atelier philo aide à la construction de la pensée complexe et de l’esprit critique, et donc faire grandir les humains.

    Faire mûrir l’être humain dans la complexité de la pensée c’est le kif de Jean-Charles Pettier un des formateurs également. Il l’avoue bien volontiers, il aime constater quand un enfant est en train de construire une pensée complexe et c’est du bonheur pour lui d’assister à ça. C’est même ce pourquoi il se lève le matin.

    C’est le faire grandir en discernement, développer des habiletés de pensée, se demander « ont-ils eux même compris ce qu’ils voulaient dire ? Les faire analyser leur propre raisonnement car parfois l’enfant reproduit un propos entendu par un adulte, sans savoir ce qu’il dit véritablement. Mais iel croit qu’il pense ce qu’iel dit, et l’amener à affiner le langage. Quand j’ai entendu ça, ça a fait ça dans ma tête :

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