Les femmes dans le bâtiment : une histoire à contruire

8 mars 2023

Balayer les clichés

« Une femme dans le BTP c’est à l’accueil ou à la facturation » « Je veux voir LE responsable du chantier »  « le BTP  c’est trop pénible et dangereux pour une femme» «  une femme ne peut pas diriger une entreprise dans un monde d’hommes » «  On ne peut pas avoir une grossesse et travailler dans le BTP »

Voilà les nombreuses croyances auxquelles est confronté le CFA BTP Atlantique et ses apprenties en permanence. Le hasard du calendrier veut que la JPO de mars tombe le 8 mars, Journée internationale des droits des femmesNous avons donc consacré un temps dédié aux filles et aux femmes du secteur, à destination des apprenantes actuelles mais aussi les futures candidates.

Certaines des entreprises qui sont partenaires du CFA, refusent la candidature d’une femme. Ou, une volonté de recruter une femme par le/la Chef·fe d’entreprise mais un mauvais accueil de l’équipe, ou inversement. Et parfois, de belles histoires naissent, avec des entreprises qui acceptent la candidature d’une femme par défaut, et s’en trouve fortement ravies. Ces entreprises ont même fait un retour positif au CFA sur la valeur ajoutée de la mixité en termes d’organisation, de productivité, de qualité des finitions et ambiance de travail

Balayer les croyances

Actuellement 80% des apprenties sont en Finition sur les 145 jeunes femmes du Centre. Il y a même des croyances sur leur non capacité à accéder aux métiers du BTP qui les empêchent d’aller sur des métiers dits « plus pénibles ». Plusieurs raisons à cela : un entourage qui lui-même limite la jeune à aller dans cette voie, l’encadrement scolaire qui est peu engagé sur le sujet, un manque de visibilité des femmes dans le BTP pour aider les jeunes femmes à se projeter dans ce secteur

Si vraiment les femmes n’avaient pas de force, elles ne pourraient pas être aides-soignantes en EHPAD par exemple. Le secteur est à 92% constitué de femmes, qui portent quotidiennement les personnes âgées, à mobilité réduites. On parle de 70 à 80kg à chaque fois, plusieurs fois par jour. Il y a des techniques pour ne pas se blesser naturellement. Il en est de même dans le bâtiment, la pénibilité n’est plus un argument. De nombreux dispositifs aujourd’hui existent pour aider à porter des sacs de ciment, des bouteilles d’hydrogène, des charges excédant 20kg…

L’usage du féminin des métiers et dans les offres d’emploi devient une nécessité pour aider les femmes à se projeter. Même l’Académie française s’accorde à dire que « Les formes féminisées peuvent donc aisément designer les fonctions « . Donc, vise à reconnaître la place des femmes dans la société. Et que, s’agissant des titres des métiers et fonctions « … les évolutions récentes de l’usage, à quelques réserves près, traduisent nettement la tendance générale qui porte à une féminisation des noms de fonctions, titres ou grades dès lors que les contraintes internes de la langue n’y font pas obstacle » Source : rapport de l’Académie française en 2019 sur les règles et usages de féminisation.

Des chiffres sur le recrutement 

Quelques mots mal choisis et c’est une partie de la population qualifiée qui ne sent pas concernée par l’offre d’emploi. Le changement lexical doit aussi se faire pour les formations, une des clé vers plus de mixité selon Goldman Sachs.

Selon des études menées indépendamment des cabinets d’audit McKinsey et Deloitte, les entreprises où la diversité est une réalité sont jusqu’à 33% plus susceptibles d’avoir de meilleurs résultats financiers. La diversité de genre est également un facteur de compétitivité permettant d’améliorer la performance jusqu’à 15%. L’Organisation Internationale du Travail évoque près de 60% de chances supplémentaires d’accroître ses résultats et d’engager ses Talents dans la durée avec une politique de mixité. L’impact sociétal est désormais considéré comme le premier facteur permettant d’évaluer la réussite et la performance d’une organisation. L’entreprise, dans la durée, se voit bénéficier d’une meilleure réputation. Elle a ainsi plus de facilités à attirer et à conserver les talents et susciter plus de créativité et d’innovation.

La collaboration de Coézi avec Egaliki

Cette JPO du 8 mars a donc été imaginée avec Egaliki qui a pour mission de sensibiliser à l’égalité. Il y a de ces femmes avec qui tu as envie de bosser, pour leur talent et leur expertise. Et Anabelle en fait partie. Notamment pour le plaisir de se retrouver dans une saynète d’ouverture sur les stéréotypes dont nous ont fait part les interviewées.

C’est pourquoi on se balade avec une mannequin ! La mannequin est habillée, et nous aussi, par des vêtements adaptés aux femmes, conçus par Figomex Securom. Il y a encore du boulot à faire sur les EPI pour les femmes, mais l’effort est là, ça chemine, ça chemine.

Le programme :

D’une part nous voulions donner à voir des modèles grâce à une table ronde et des interview d’apprenties :

  • Laura et son projet de toilette portative, car l’accès aux toilettes pour les femmes dans le BTP est un sacré sujet qui contribue malheureusement à des inégalités
  • Auriane et son parcours de Meilleur Apprentie de France en Peinture qui demande beaucoup de résistance mentale
  • Magali Meyer pour nous parler des actions faites grâce à Batimix et au Conseil d’administration de la FFB Loire Atlantique
  • Inès qui, après 20 ans de métier en tant qu’architecte, reprend le « chemin de l’école » pour une reconversion en tant que charpentière
  • Sarah sur son expérience de couvreuse depuis 20 ans et désormais formatrice au CFA

Des retours et témoignages intéressants qui nous permis ensuite de rebondir sur certains sujets. Nous avons co-animé un atelier d’intelligence collective pour imaginer des actions en faveur de la présence des femmes dans le BTP.

  1. Comment donner aux filles et femmes de l’intérêt pour le CFA BTP
  2. Des actions concrètes pour leur intégration
  3. Mieux sécuriser leurs carrières dans ce secteur.

Naturellement, de nombreux dysfonctionnements sont ressortis. Les tenues de travail non adaptées, pas de WC sur les chantiers, donc problème d’hygiène plus encore avec les règles. des commentaires sexistes et dégradants, du harcèlement, pas d’adaptation pour continuer lors de sa grossesse, devoir prouver toutes ses compétences face à un homme même à diplôme et expérience égaux.

Des remontées qui ont surpris le personnel et la Direction du CFA, pensant avoir déjà fait beaucoup d’avancées sur l’inclusion des femmes. Et oui, mettre un vestiaire femme et des WC à dispo ça ne suffit pas. Il faut sensibiliser, éduquer et surtout impliquer les hommes !

Crédit Photo @nnmdstudio

#btp #batiment #mixité #journeeinternationaledesdroitsdesfemmes

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